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Entretien écrit #2 avec Benjamin Krief

Avocat, Gide Loyrette Nouel

Bio express

Benjamin Krief | Master professionnel Droit et pratique des relations de travail - Université Paris 2 Panthéon-Assas | DPRT

Formations

  • Doctorat, Droit privé, Université Paris II Panthéon-Assas
  • Master 2 Droit et Pratique des Relations de Travail, Promotion Areva (2009), Université Paris II Panthéon- Assas

Publications

Article (2019)

  • « En étant un travailleur ‘contraint’, le chauffeur Uber devient un salarié », Bull. Joly Travail 2019, p. 8

Expériences

  • Avocat, Gide Loyrette Nouel
  • Chargé d'enseignement, Université Paris I Panthéon-Sorbonne
  • Avocat, Flichy Grangé Avocats
  • Legal intern, Jackson Lewis LLP
  • Legal intern, Flichy Grangé Avocats
  • Responsable de la loge du concours d'agrégation de droit privé et chargé d'enseignement, Université Paris II Panthéon-Assas
  • Juriste en droit social, Alérion

Entretien réalisé par Marie Janssen-Langenstein.

MJL : Quel a été votre parcours depuis votre sortie du DPRT en 2010 ?

BK : Après avoir obtenu le Master DPRT, j’ai poursuivi mon cursus universitaire par une thèse sous la direction du Professeur Teyssié. J’avais le sentiment que mon aventure au sein du laboratoire de droit social n’était pas achevée. Qu’il me fallait encore profiter de l’extrême chance qui m’était offerte de pouvoir travailler et apprendre aux côtés de Bernard Teyssié. Après avoir soutenu ma thèse, j’ai hésité entre me diriger vers le métier d’avocat et une carrière universitaire. Après avoir été qualifié aux fonctions de Maître de conférences, j’ai finalement intégré le cabinet Flichy Grangé Avocats en 2012 (qui m’a donné l’opportunité de travailler pendant 6 mois à New York au sein du cabinet Jackson Lewis). Après deux années passées dans cette belle maison du droit social, j’ai rejoint le cabinet Gide où j’exerce désormais pleinement mon métier d’avocat depuis 2014.

MJL : A l'époque, vouliez-vous êtes avocat ?

BK : Je trouve qu’il est très difficile, au cours de nos études, de nous projeter sur notre vie professionnelle future. Le DPRT permet, par la période de stage ou d’apprentissage, d’acquérir de l’expérience pour justement se décider sur nos choix. Le métier d’avocat m’a, à titre personnel, toujours attiré. J’ai toujours aimé prendre la parole et défendre les autres. Je suis très fier de porter la robe aujourd’hui.

MJL : Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

BK : Plaider ! C’est l’aboutissement de notre métier. Etudier un dossier, arrêter la stratégie avec le client puis rédiger les conclusions pour arriver à l’aboutissement qu’est la plaidoirie. C’est un vrai moment de plaisir durant duquel je me sens pleinement avocat. En sortant d’audience, je me dis que ce métier est particulier, qu’il a du sens, et que c’est pour cela que je l’exerce.

MJL : Avez-vous des modèles dans la profession ?

BK : Je n’ai pas vraiment de modèle à proprement parler. En revanche, j’ai appris de tous les avocats que j’ai rencontré dans ma carrière. J’ai tout d’abord appris auprès de mon premier Maître de stage Jacques Perotto au sein du cabinet Alérion. J’ai ensuite poursuivi mon apprentissage du métier auprès de Claire Toumieux chez Flichy Grangé. Aujourd’hui, je me sens pleinement avocat aux côtés de mes associés chez Gide, Baudouin de Moucheron & Guillaume Navarro. Toutes ces personnes m’ont fait grandir, m’ont fait confiance et je leur dois beaucoup.

En sortant d’audience, je me dis que ce métier est particulier, qu’il a du sens, et que c’est pour cela que je l’exerce.

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MJL : Avez-vous eu des doutes au cours de votre parcours ?

BK : Pendant le DPRT, pas vraiment. Le rythme est tellement soutenu entre les cours, le mémoire et le stage qu’il n’y a pas le temps de douter. En revanche, une fois dans la vie professionnelle, le doute est quotidien. Je ne vois pas le fait de douter comme une faiblesse, bien au contraire. Je pense que cela est essentiel pour se remettre en question et avancer. Le métier d’avocat est un métier passionnant mais très prenant. Il serait amusant de réaliser un sondage afin de déterminer le pourcentage des avocats du barreau de Paris qui ont envisagé, à un moment de leur carrière, changer de vie pour aller élever des chèvres dans le Larzac ou ouvrir un restaurant !

MJL : Avez-vous d’autres activités ?

BK : Oui et cela est essentiel pour moi. Je suis chargé de TD à l’Université Paris 1 où j’enseigne les relations individuelles du travail aux étudiants de L3. J’aime exercer cette fonction qui est très différente de mon quotidien d’avocat. Elle me permet aussi de rencontrer les générations d’étudiants et de tenter de les convaincre de s’orienter vers le droit social. Il m’est déjà arrivé d’avoir en client une étudiante que j’avais eu en TD ! J’essaye également de conserver une activité de publication ce qui n’est pas simple dès lors que cette activité est très consommatrice de temps. Mais après avoir rédigé une thèse, j’ai encore ce besoin aujourd’hui, de prendre du temps pour réfléchir sur un sujet et d’écrire. Enfin, au-delà des activités professionnelles, j’essaye de conserver une activité sportive. J’y arrive notamment grâce à l’équipe de football du cabinet Gide dont je ne suis pas peu fier d’être le capitaine !

MJL : Comment l'exercice de ces activités s'articule-t-il avec votre exercice de la profession d'avocat ?

BK : Très bien ! Le cabinet Gide m’offre la flexibilité nécessaire qui me permet d’exercer ces autres activités, ce qui est très important pour moi. Gide me permet même de combiner l’enseignement et mon métier puisque depuis 3 ans maintenant, nous recevons les étudiants du DPRT au cours d’une après-midi au cours de laquelle nous présentons une revue d’actualité avant de partager un verre de jus d’orange avec les étudiants…

A chaque audience, je croise un ou plusieurs anciens.

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MJL : Hormis ces revues d’actualités, entretenez-vous encore aujourd’hui des liens avec le Master DPRT ?

BK : Oui, bien évidemment. Le DPRT est un vaste réseau et il m’arrive quotidiennement d’avoir des échanges avec les anciens. A chaque audience, je croise un ou plusieurs anciens. J’ai par ailleurs conservé plusieurs amis au sein de ma promotion Areva.

MJL : Revenons-en à votre thèse. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre sujet et sur la façon dont vous avez vécu cette écriture ? En quoi est-ce un atout pour un juriste de droit social ?

BK : Au cours de mon Master 2, j’ai rédigé un mémoire sur « la Société européenne et droit du travail »… Lorsque le Professeur Teyssié m’a attribué ce sujet alors que je finissais tout juste mon Master 1 droit social, j’ai connu un vrai moment de solitude. Au fil du temps, ce sujet m’a intéressé et j’avais le sentiment, à l’issue du Master 2, que je n’avais pas totalement achevé mon travail à ce sujet. C’est pourquoi j’ai eu l’idée de poursuivre l’aventure en thèse en comparant les différentes instances européennes de représentation du personnel. Le Professeur Teyssé a alors accepté de m’accompagner une sur une thèse courte, d’un an. C’était une année passionnante et très enrichissante au cours de laquelle j’ai découvert l’enseignement comme chargé de TD, j’ai exercé les fonctions de vacataire du laboratoire de droit social et j’ai participé à l’organisation du concours d’agrégation de droit privé. Le point d’orgue de cette année de thèse reste la soutenance. Soutenir ma thèse face au jury avec, dans le dos, mes amis et ma famille, restera pour moi l’un de mes plus beau souvenir personnel et professionnel. Avoir rédigé une thèse me permet aujourd’hui, en tant qu’avocat, d’avoir le goût de la recherche. J’ai effectivement appris, dans le cadre de ma thèse, à aller chercher les travaux parlementaires ou bien la lettre ministérielle de 1968 qui permet de comprendre le pourquoi de la règle de droit. Avoir rédigé une thèse apporte évidemment le goût de la rédaction ce qui est ensuite essentiel en tant qu’avocat.

MJL : Dans 5 ans, où vous voyez vous ?

BK : Dans le Larzac avec mes chèvres ! Plus sérieusement, je n’en sais absolument rien. Je suis aujourd’hui au sein du Cabinet Gide et j’y suis très heureux donc je serai honoré de toujours y être dans 5 ans et d’y avoir évolué. Après, il est toujours difficile de prévoir l’avenir dans ce métier. Et c’est ce que j’aime également. Je suis profondément attaché à ce statut d’indépendant et à la liberté qu’il procure. Revoyons-nous dans 5 ans afin d’avoir la réponse !

MJL : Avez-vous un conseil à donner à la nouvelle génération de juristes en droit social ?

BK : Il faut tout d’abord profiter à 200% de l’expérience du DPRT. Cette formation permet d’entrer dans un réseau professionnel de premier plan. Il faut s’y intéresser et le faire vivre. Ensuite, au-delà de la formation théorique, je conseille à la nouvelle génération de multiplier les expériences professionnelles afin de trouver leur voie. Entreprise, cabinet, en France, à l’étranger, il me parait très important de pouvoir être ouvert sur les différents métiers du droit et également bien au-delà du droit.

MJL : Un dernier mot ?

BK : Oui : Marie il est temps de conclure cette interview et de passer à ton évaluation de mi-stage !!

Depuis 3 ans maintenant, nous recevons les étudiants du DPRT au cours d’une après-midi au cours de laquelle nous présentons une revue d’actualité.

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