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Entretien écrit #10 avec Jeanne Cordoliani

HR Compliance Analyst EMEA - Intuitive Surgical

Bio express

Jeanne  Cordoliani | Master professionnel Droit et pratique des relations de travail - Université Paris 2 Panthéon-Assas | DPRT

Expérience :

  • HR Compliance Analyst EMEA, Intuitive Surgical (depuis févr. 2021)
  • Senior Counsel Labor & Employment Law, Hanesbrands (oct. 2019 - déc. 2020)
  • Responsable des Affaires Sociales, VINCI Airports (déc. 2017 - sept. 2019)
  • Avocat - Droit social, AYACHE (oct. 2015 - sept. 2017)
  • Avocat - Droit social, ADVANT Altana (janv. 2012 - sept. 2015)
  • Juriste - Droit social, JONES DAY (juin 2009 - déc. 2011)
  • Juriste stagiaire - Relations Sociales, Sanofi (sept. 2008 - mars 2009)

Formation :

  • Master 2, Droit et Pratique des Relations de Travail


Quel a été votre parcours depuis votre
sortie du DPRT ?

Après le Master, j'ai passé l'examen
d'entrée à l'école d'avocats, dont j'ai suivi
les cours en "régime salarié" (cours du
soir) tout en continuant à travailler au sein
du cabinet Jones Day qui m'avait
accueillie pour mon stage de fin de DPRT.

J'ai passé en tout près de 8 ans en cabinet d'avocats, au sein du cabinet
Jones Day puis de deux cabinets d'affaires français indépendants (Advant
Altana et Ayache).

Au bout de ces 8 ans, j'ai eu envie de passer "côté client" et je suis entrée
chez VINCI Airports comme Responsable Affaires Sociales. Je m'occupais à
la fois des relations sociales au sein des aéroports français opérés par VINCI,
et de coordonner le volet social lors de la mise en place de nouvelles
concessions aéroportuaires à l'international.

Ensuite j'ai travaillé au sein de la holding européenne du groupe Hanes (qui
distribue des marques comme DIM, Playtex...) avant de rejoindre Intuitive
Surgical (le fabricant du système chirurgical "Da Vinci") il y a un an. Je suis
basée en Suisse au siège européen d'Intuitive et mon rôle est d'assurer la conformité aux exigences légales et réglementaires des process et
politiques RH, au sein de la région Europe.

À l'époque, que vouliez-vous faire ?

J'étais attirée à la fois par le monde de l'entreprise et par la pratique en
cabinet d'avocats. J'ai décidé d'exercer quelques années comme avocate
car je savais que cela m'apprendrait énormément.

En cabinet, de par la multitude de clients, on doit s'adapter à tous types de
questions et d'environnements. Savoir gérer des situations individuelles
conflictuelles, convaincre un auditoire, analyser des pratiques d'entreprise,
accompagner des réorganisations : ce sont autant de compétences
centrales en cabinet et qui deviennent des atouts considérables ensuite
pour travailler en entreprise.

Qu’est-ce qui a motivé vos changements de profession ?

Après mes 8 ans en cabinet, j'étais un peu lassée des inconvénients liés au
statut de conseil externe. J'avais envie d'être plus directement impliquée
dans la vie d'une entreprise, d'avoir une vision plus complète des enjeux.

Et puis, c'est extrêmement enrichissant de travailler avec des collègues
ayant des profils variés, qui n'ont pas fait des études de droit mais viennent
d'horizons complètement différents.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

Concilier les exigences légales, toujours plus complexes et en perpétuelle
évolution, avec les enjeux d'entreprise. C'est un challenge - pas toujours
facile - et j'aime être acteur direct du projet d'entreprise et de la mise en
œuvre de ses politiques RH. Le droit social touche à des personnes, des
collègues ; cette dimension humaine rend le travail passionnant.

 

Le droit social touche à des personnes, des collègues ; cette dimension humaine rend le travail passionnant.

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Pourquoi avez-vous choisi d’exercer à l’international ?

J'aime beaucoup la gymnastique intellectuelle nécessaire pour se plonger
dans différents systèmes juridiques. J'apprends sans arrêt et c'est
intéressant de pouvoir mettre en perspective les différentes approches
nationales. Il faut mettre à profit son expérience pour se poser les bonnes
questions tout en sachant rester flexible et ouvert d'esprit car les concepts
ne sont pas transposables à l'identique d'un pays à l'autre.

Également, je trouve ça vraiment enrichissant de travailler avec des
collègues aux quatre coins du monde.

Avez-vous eu des doutes au cours de votre parcours ?

Oui bien sûr, je me suis notamment questionnée avant de rejoindre la
profession d'avocat, et ensuite au moment de la quitter.

Mais finalement, même si le monde de l'entreprise me correspond mieux
aujourd'hui, je ne regrette absolument pas d'avoir d'abord exercé en
cabinet.

Au final, il faut garder à l'esprit qu'aucun choix n'est irrévocable. Il y a des
juristes qui décident de devenir avocats après quelques années, et vice
versa.

Avez-vous un conseil à donner à la nouvelle génération de juristes en droit
social ?

Ne faites pas l'impasse sur l'apprentissage de l'anglais, partez quelques
mois à l'étranger, lisez des livres en VO, bref, trouvez un moyen de devenir
bilingues. Peut-être que le droit du travail ne vous semble pas être la
matière la plus internationale qui soit (par rapport à des pratiques comme
le droit commercial, M&A, etc.) mais vous en aurez besoin à un moment ou à un autre de votre carrière. Ce serait dommage de vous fermer des portes
juste par flemme linguistique.

Profitez-en tant que vous êtes étudiant et que vous avez du temps (oui oui,
même au DPRT !) pour pratiquer, pratiquer, pratiquer !

Un dernier mot ?

Je suis admirative du dynamisme des étudiants du DPRT qui font vivre
chaque année de manière plus active ce réseau d'anciens, cher au
Professeur Teyssié. C'est une immense chance pour les diplômés de
pouvoir s'appuyer sur une telle communauté de professionnels.

Merci au Pôle Communication (Paloma Fourn, Bryan Keddouri et Agathe
Vandenbroucke), de m'avoir consacré cette interview !

 

Au final, il faut garder à l'esprit qu'aucun choix n'est irrévocable. Il y a des juristes qui décident de devenir avocats après quelques années, et vice versa.

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